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La reconversion professionnelle dans la cybersécurité

La reconversion professionnelle dans la cybersécurité


Jurisconforme s’est entretenu avec Maëlle CARPENTIER qui s’est reconvertie dans la cybersécurité après un parcours en ressources humaines et au contrôle au sein de la Sécurité sociale.

Pouvez-vous vous présenter ?

Je suis Maëlle CARPENTIER, je me plais aujourd’hui à réaliser des tests d’intrusion sur les réseaux et interfaces des organisations. Esprit méthodique et créatif, goût du challenge, adaptabilité sont autant de compétences que j’utilise et développe pour mener à bien mes missions.

Membre à la fois du Cercle des Femmes de la Cybersécurité (CEFCYS) et de l’Observatoire de la Cybersécurité de l’Océan Indien (OCOI), j’interviens aussi occasionnellement en qualité d’intervenante auprès des écoles privées pour dispenser mon savoir et accompagner des promotions en reconversion professionnelle.

Comment réussir dans le domaine de la cybersécurité ?


Je suis convaincue que la curiosité et la soif d’apprendre sont de précieux atouts pour réussir en cybersécurité, je prépare activement quelques certifications appréciées dans le domaine, sans que les langues de Shakespeare ou de Cervantès ne soient une barrière à mes yeux.

Maëlle, qu’est-ce qu’une reconversion professionnelle ?

Une reconversion au sens large, c’est le fait d’opérer un changement de profession dans sa carrière. Passez par exemple d’un métier du service public à une réinsertion dans le secteur privé. Il peut s’agir aussi de recherche de sens et ainsi passer d’un métier dit « intellectuel » dans lequel on ne voit plus la valeur ajoutée, à un métier de conception manuelle ou artisanale, ou encore à un métier sollicitant un ou plusieurs des cinq sens.

Amorcer une reconversion professionnelle, c’est accepter de se poser un instant pour découvrir ce qui nous anime désormais, ce qui nous donnera vraiment envie de nous lever le matin. Se reconvertir c’est aussi devenir « junior », « novice », « débutant » dans le nouveau métier et donc challenger sa courbe d’apprentissage. Mais à la différence de nos jobs étudiants ou de notre première entrée dans la vie active, dans une reconversion, on ne part pas d’une feuille blanche. En effet, les candidats ont des compétences qui pourront être transposables sur le nouveau métier.

Pensez-vous qu’on soit amené aujourd’hui à changer plusieurs fois de métiers au cours de sa vie professionnelle ?

Les nouvelles générations X,Y,Z seront forcément amenées à exercer plusieurs métiers au cours de leurs 4 décennies de carrière. Je crois aussi qu’il est de plus en plus courant de cumuler des activités, que celles-ci soient liées ou non au même secteur d’activité. Aussi, il me paraît intéressant de capitaliser sur des profils qui osent se remettre en question et en selle pour retourner sur les bancs de l’école ou acceptant de découvrir un nouveau secteur d’activité et ainsi de devenir « consciemment incompétent ».

Quels sont les avantages pour un employeur de se risquer à prendre quelqu’un qui n’a pas été initialement formé pour exercer le métier correspondant au besoin à combler ?

La richesse pour un employeur, c’est la maturité du candidat et l’apport possible d’un état d’esprit différent. Je pense que la motivation peut être démontrée autrement que par l’aboutissement d’un cursus d’ingénieur ou d’un diplôme sanctionnant cinq années d’études supérieures. Les capacités d’adaptation et la niaque qu’aura une personne qui a participé au financement de sa formation ou qui a repris des cours du soir. La préparation en informatique de certifications nécessitant de suivre des e-learning, de valider des exercices en laboratoires virtuels, de réaliser et soumettre un rapport de tests démontrent selon moi tout autant la motivation pour un autodidacte, qui aura alors appris, en cherchant sur des forums, en expérimentant seul, en collaborant avec ses pairs lors de podcasts audios ou encore.

Pour un candidat qui ne dispose pas encore des compétences pratiques nécessaires pour le poste auquel il aspire, la France propose des dispositifs tels que la Préparation Opérationnelle à l’Emploi, soit Collective (une classe formée au même métier) soit Individuelle (un seul salarié envoyé en formation avant d’intégrer sa structure d’accueil pour un contrat CDD.

Enfin, je mettrai aussi en évidence les profils dont la réalité du terrain les a amené à exercer petit à petit de nouvelles responsabilités et notamment les personnes travaillant initialement dans la sécurité des systèmes d’information, qui ont pu se voir attribuer des responsabilités en lien avec la gouvernance, la gestion des risques ou encore la cybersécurité [tant sur ses aspects physiques que (im)matériels ].

Maëlle, à votre connaissance, quels sont les besoins actuels en cybersécurité, de quels profils a-t-on besoin et comment peut-on les trouver ?

Je pense que les besoins en matière de cybersécurité ne sont pas uniquement des besoins techniques, ni uniquement des besoins de cadres management de la sécurité du SI. Il faut à mon sens des techniciens, des gens qui comprennent les éléments techniques, des gens qui ont des compétences en réseau, en systèmes. Je crois qu’il faut ralentir aussi, au cœur d’une crise cyberattaque, c’est-à-dire : laisser les techniciens prendre les informations, analyser ce qui doit l’être. A mon sens, plus qu’un bac+5, nous avons besoin d’équipes enrichies par la pluridisciplinarité, de personnes qui pensent aussi parfois en dehors du cadre, nous avons besoin de profils neuroatypiques, nous avons besoin autant des hommes que des femmes. Nous pouvons nous appuyer sur les personnes disposant de compétences en psychologie, de personnes ayant des parcours comptant du marketing ou du juridique. De nouvelles formations d’Analyste en centre opérationnel de sécurité, de veilleur technique se créent. Les entreprises ont besoin de nombreux candidats, du délégué à la protection des données, en passant par les gestionnaires de crises, aux formations en géopolitique, en intelligence stratégique.

Comment trouver les profils ?

Quittez votre écran LinkedIn et vos messages générés automatiquement par l’intelligence artificielle “Bonjour X, j’ai été très attiré(e) par votre profil”, recruteurs, déplacez-vous sur les évènements CTF, regardez les équipiers agir/travailler en équipe, écoutez les raisonner. Venez écouter leur rumps durant les conférences et salons techniques. Vous découvrirez que les profils autodidactes peuvent être intéressants pour renforcer vos équipes.  Mettez-vous en relation avec les organismes comme Transition Pro, soyez jurys de soutenances dans les écoles privées. Recruteurs, revoyez votre copie, convainquez votre direction générale, qu’il y a des pépites chez les seniors ayant évolué en système d’information, qu’il y a des personnalités atypiques et riches aussi chez les bac+2 et bac+3 avec de l’expérience terrain !

Stéphane KOUAKOU-KAN

Entretien mené par Stéphane, Fondateur de Jurisconforme, Juriste en conformité, spécialiste en protection des données, en Gouvernance des données et en lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme.

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